Une Charte « régionalisée » pour la langue régionale a été proposée à l’adoption par les Conseils municipaux de différentes communes alsaciennes. Elle s’inspire des principes généraux de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Par la voix de Bernard Stoessel, le groupe des élus centristes « 1, 2, 3… Mulhouse » a demandé lors d’une séance publique du Conseil municipal de la cité du Bollwerk des applications concrètes rapides.
Langue régionale d’Alsace à Mulhouse
„En Alsace, ce sujet revêt une importance très particulière parce qu’il conjugue l’identité régionale et l’ouverture sur l’espace rhénan et sur l’Europe, portées, d’une part, par l’Elsasserditsch, c’est-à-dire les dialectes alsaciens ou allemand dialectal d’Alsace, et, d’autre part, par le bilinguisme français-Hochdeutsch, c’est-à-dire l’allemand standard.
A Mulhouse, la situation dans ce domaine n’est pas bonne et les mesures prises jusqu’à présent sont très nettement insuffisantes pour atteindre les objectifs permettant, par exemple, de donner la possibilité à la majorité de nos jeunes, quelles que soient leurs origines familiales, de trouver un emploi en Allemagne ou en Suisse quand ils n’en trouvent pas en Alsace. Le constat du handicap croissant que constitue la perte de capacités linguistiques en dialecte alsacien et en allemand de notre population ne fait plus guère de doute.
Le sujet de la langue régionale ne se ramène pas à cette seule question de l’emploi, loin de là, mais quand le taux de chômage atteint des taux record à Mulhouse, en particulier chez les jeunes, il représente un exemple parlant des raisons pour lesquelles il faut ‘ changer de braquet’ et même de direction pour certains responsables publics.
L’augmentation de l’offre en classes bilingues, dès le plus jeune âge, dans tous les quartiers, et la constitution de vraies filières de la maternelle à l’université ne se décrète pas : elle nécessite une réelle volonté politique.
Engagements concrets
La proposition qui nous est faite aujourd’hui d’approuver la déclinaison régionale de la Charte européenne, pour en appliquer tous les éléments qui ne nécessitent pas une ratification nationale préalable, va dans le bon sens, indiscutablement, mais elle arrive bien tard! Surtout, elle n’a de chance d’être suivie d’effet que si des engagements concrets et des objectifs précis, déterminés localement, sont formalisés en même temps. Ce qui n’est pas le cas ce soir.
Je rappelle, au passage, que le Pays de la région mulhousienne, regroupant les 34 communes de M2A et les 6 communes de la Communauté de Communes Porte de France Rhin-Sud a pris, en 2013, l’initiative, confiée à Madame Martine Laemlin, maire de Chalampé, d’un projet intitulé « Pays rhénan » visant à inscrire notre territoire dans cette dynamique en s’appuyant sur chacune des communes membres du Pays. L’objectif est de refaire du bilinguisme français-allemand et, chaque fois que c’est possible et pertinent, d’une présence dialectale renforcée à l’oral, un atout compétitif et d’attractivité pour notre bassin de vie et un facteur d’épanouissement pour tous ses habitants.
Le Land de Sarre innove
Ce que le Land de Sarre a décidé récemment de mettre rapidement en œuvre en faveur du français, une langue historiquement d’origine étrangère pourtant pour ses habitants, nous avons cent fois plus de raisons, de compétences et de moyens pour le faire en faveur de parlers locaux et d’une langue standard qui sont simultanément régionaux, transfrontaliers et européens ! Il s’agit d’ailleurs bien moins d’un problème de moyens financiers que de volonté. Je rappelle que l’objectif du Land de la Sarre est d’aboutir à une véritable co-officialité des deux langues….
Dans ce contexte, nous proposer d’adopter ce texte afin d’être la première communeà le faire me semble réducteur : outre le fait que la Ville de Saverne, berceau historique des classes bilingues avec Lutterbach et Pulversheim pour M2A, l’a déjà fait, il est beaucoup plus important à mes yeux que nous soyons les plus déterminés et le plus efficaces !
Pour tous les habitants de Mulhouse sans distinction
Sachant qu’à Mulhouse résident des personnes issues de nombreuses nationalités différentes, dont certaines sont plus particulièrement représentées, nous devrons aussi veiller à les associer fortement à cette démarche dans le domaine de l’enseignement en vue de les encourager à y adhérer davantage.Il faudra notamment être très attentif, pour les populations et familles encore non suffisamment francophones, à respecter une démarche pédagogique spécifique à leur intention, autant que possible en mettant aussi plus en valeur leurs propres langues dans une perspective plurilingue. L’accès plus facile des enfants et des jeunes issus de ces familles à l’emploi en dépend. Et cet accès à l’emploi conditionne le retour de notre ville et de toute notre agglomération à plus de prospérité, condition aussi certainement d’un dynamisme retrouvé dans tous les domaines : culture, économie, vie sociale.
Compte tenu de ces éléments, nous approuvons le principe de cette démarche tout en demandant qu’elle fasse l’objet le moment venu d’un examen détaillé pour qu’au-delà des bonnes intentions et d’un aspect déclaratif, elle se décline rapidement en des actions concrètes, significatives et programmées. Il faudra rattraper le temps perdu“.
Les intertitres sont de la rédaction