Leitartikel -Editorial Germain Muller écrit l’éditorial de cette newsletter. Certes, il a disparu en 1994, mais interviewé par Jacques Chancel dans son émission « Radioscopie », il affirmait : « Notre langue, C’EST L’ALLEMAND. Notre langue maternelle, la langue dans laquelle nous nous exprimons par l’écriture, C’EST L’ALLEMAND. Si nous parvenons à écrire un certain ‘elsässer-ditsch’, c’est-à-dire un dialecte allemand, c’est que nous avons derrière la structure, l’ossature de la langue allemande…
Laissons Germain Muller, dont on célèbre le 20e anniversaire de sa disparition, écrire l’éditorial de cette newsletter :
« (…) Entre temps, il y a eu les ‘ Katangais ‘ (1) de la Culture alsacienne, qui sont tous partis sur une base fausse ; ils ont considéré l’alsacien comme une langue de Culture. C’est faux. Notre langue : C’EST L’ALLEMAND. Notre langue maternelle, la langue dans laquelle nous nous exprimons par l’écriture : C’EST L’ALLEMAND. Si nous parvenons à écrire un certain ‘elsässer - ditsch’, c’est-à-dire un dialecte allemand, c’est que nous avons derrière la structure, l’ossature de la langue allemande, le ‘Hochdeutsch’, sinon ce serait impossible, on ne pourrait rien écrire du tout !
Je suis triphasé et je fonctionne dans les trois phases, je rêve dans les trois phases et j’utilise chaque fois le tiroir qu’il me faut et dans chaque langue. La langue est avant tout le sel de notre personnalité (…) (La langue alsacienne) n’est pas tellement au fond, une langue régionale, au plein sens du terme, car elle ne peut vivre, sans être continuellement réalimentée par les deux autres langues : l’allemand et le français. C’est l’équilibre entre ces deux langues qui permet à l’alsacien de subsister. Dès qu’une langue devient plus forte que l’autre, c’est l’alsacien qui en pâtit, parce qu’il se fait absorber (…) Il serait dangereux pour notre dialecte, si on n’enseignait plus l’allemand dans les écoles.
Enseigner l’alsacien pose problème. Parce qu’il n’y a pas un dialecte alsacien, il y en a sept ou huit. Les bandes linguistiques ont traversé le Rhin, c’est-à-dire que nos frontières sont verticales, mais les frontières linguistiques, elles, sont toutes horizontales. Les gens de la région de Colmar parlent comme ceux de la région de Fribourg, ceux de Strasbourg comme ceux d’Offenburg et de Kehl, les Sundgoviens comme les Bâlois etc. Il serait difficile de trouver le dénominateur commun, qu’il peut y avoir entre tous les Alsaciens. Mais le grand danger, c’est que les jacobins français et surtout ceux du ministère le plus jacobin qui soit et qui le restera longtemps encore, je veux dire ‘ l’Education Nationale ‘, seraient tentés de soutenir ce langage régional, mais ça le serait au détriment de la langue allemande et cela nous ne le voulons à aucun prix. Notre bilinguisme est franco-allemand et le triphasage fait que le dialecte alsacien sera toujours un phénomène d’accompagnement de ce bilinguisme ».
Extraits de l’émission « Radioscopie » où Jacques Chancel interviewait Germain Muller
In Germain. Bernard Jenny. Ed. Bentzinger 1997 p.351
(1) Se disait des mercenaires, des « gendarmes » du Katanga qui combattaient pour l’indépendance de la province la plus méridionale de la République du Congo. En Mai 68, le groupe des « Katangais », bande de jeunes armés a occupé la Sorbonne avec les étudiants. Entre ces derniers et ces « Katangais », les rapports se tendent de plus en plus en juin et virent à l’affrontement. Vocable devenu synonyme d’extrémistes incontrôlables.