Refus rectoral de l’ouverture d’une 6e bilingue au Collège de Dannemarie/Dammerkirch (Haut-Rhin, Sundgau)

Le 9 février, 112 maires du Sundgau ont adopté à l’unanimité, lors d’une réunion, une motion demandant face au refus du Rectorat de Strasbourg, l’ouverture d’un cursus bilingue à partir de la 6e au Collège Jean Monnet de Dannemarie. En continuité avec l’école primaire de Dannemarie/Dammerkirch et celles du RPI de de Traubach-le-Haut, Traubach-le-Bas, Guevematten et Sternenberg.

Pas de bilinguisme : les élus crient au scandale

titrent les Dernières Nouvelles d’Alsace le 5 février.

Que se passe-t-il ?

La première cohorte des élèves de la voie bilingue (français-allemand/langue régionale de Dannemarie et du RPI voisin arrive au collège ; les onze enfants –on parle maintenant de douze- devaient entrer en 6e. Mais l’éducation nationale a décidé de pas ouvrir une 6e bilingue à Dannemarie comme prévu, mais renvoie les élèves au collège d’Altkirch. Vieille manœuvre déjà utilisée pour les élèves de Ferrette et de Seppois-le-Bas.

Surtout que le Maire de Traubach-le-Bas et président du syndicat scolaire de Traubach et environs, Jean-Georges Bischof, parle de « sabotage » et ajoute « je suis stupéfait d’apprendre ça par la presse. » Surtout que son courrier à l’administration scolaire pour demander où en était la procédure d’ouverture du cursus bilingue à Dannemarie est resté sans réponse et que le recteur a parlé d’une ouverture d’une section bilingue avec 10 élèves. De plus, dans ce syndicat scolaire, sur sept classes, quatre sont bilingues, et à Dannemarie, 50% de l’effectif scolaire au primaire suivent le cursus bilingue paritaire. C’est naturellement embêtant pour une administration, où l’on parle encore d’élitisme, ne serait-ce qu’en catimini, pour ces classes.

 

 

Des questions et des constatations

 

Veut-on casser la filière bilingue en essayant de dissuader les parents d’y inscrire leurs enfants en brisant la continuité ? L’an prochain en 2016, le nombre des élèves bilingues s’élèvera à 23, un effectif suffisant pour une classe.

Paul Mumbach, Maire de Dannemarie, ajoute : « Cette administration (l’éducation nationale) doit se remettre en question. Elle doit tenir compte de l’environnement européen et surtout tenir compte du marché du travail en Alsace où il est nécessaire de parler allemand. IL en va de la question cruciale de l’emploi. »

Rémy Wirth, Conseiller général, quant à lui, est fâché : « On tue dans l’œuf la filière » paritaire. Et complète : « Le rectorat ne tient aucunement compte de la situation rurale. Tout comme il ne tient aucunement compte des remarques des élus (…) C’est un véritable dialogue de sourds entre les élus et cette administration. » IL a adressé une lettre très ferme au recteur.

 

La solution d’envoyer les enfants de 11 ans à Altkirch comporte de fortes difficultés. Si à vol d’oiseau, la distance n’est pas insurmontable, il faut tenir compte des routes sundgauviennes, de la durée du transport scolaire, notamment si Dannemarie est tête de réseau du ramassage scolaire.

 

L’opposition se développe

Catherine Troendlé, sénateur-maire de Ranspach-le-Bas « partage pleinement la déception et l’incompréhension des élus locaux » et la décision rectorale « touche à la pérennité même des sites bilingues » et dénonce « un effet bien dissuasif et dévastateur sur les prochaines inscriptions dès les sections maternelles. » Elle rappelle le long travail engagé par les élus locaux en faveur de l’enseignement bilingue paritaire et demande « un enseignement bilingue le plus large possible. » Pour elle, il représente « une opportunité réelle pour les enfants alsaciens tant sur plan professionnel que culturel, en raison de la situation géographique de l’Alsace, de sa proximité avec les marchés suisse et allemand et ce dont un contexte économique des plus moroses.»

 

Les élus des 33 communes de la Communauté de communes de la Porte d’Alsace ont adopté une position unanime pour « exiger » l’ouverture d’une 6e bilingue à Dannemarie.

« C’est honteux de mettre en place une filière et de ne pas la poursuivre au collège » précise le président de la cm.com

 

Entre temps, le recteur Jacques-Pierre Gougeon a téléphoné personnellement au Maire de Traubach-le-Bas en affirmant que la décision de ne pas ouvrir un cursus bilingue au collège de Dannemarie n’était pas vraiment ferme et définitive, qu’il réexaminera la situation, sans donner de calendrier pour la décision définitive.

 

Cela n’a pas suffi à éteindre l’incendie. Le 9 février, les délégués des 112 communes du sundgauviennes regroupées dans le Syndicat Mixte du Sundgau ont adopté à l’unanimité

Une motion demandant l’ouverture d’une section bilingue au collège de Dannemarie, à la rentrée prochaine pour accueillir les élèves entrant en 6e. « Un simple comptage administratif et technocratique ne peut la mise à mal de toute une filière d’enseignement voulue par les familles et soutenue par les élus.

 

Au-delà de la détermination autour de l’enseignement bilingue paritaire, existe chez les élus du Sundgau la forte appréhension d’être la 5e roue du carrosse de la nouvelle région, les « oubliés » du Sud-Est de cette méga région. Ce sentiment a aussi déterminé le vote sundgauvien lors du référendum de 2013.