Un courrier a été envoyé, avant la disparition institutionnelle de l'Alsace, aux trois présidents de la Région Alsace et des deux Départements pour demander un avenant aux conventions signées en juin 2015, jugées catastrophiques pour le développement de l'enseignement de la langue régionale.
Le Comité fédéral a demandé aux Présidents des trois collectivités cosignataires de modifier par avenant jusqu’au 31 décembre, les conventions afin d’en faire un véritable outil de développement pour notre langue régionale :
- Porter de 3 à 6 ans (2015/2021) la durée de la convention opérationnelle et des financements
- Prévoir un recrutement minimal de 50 postes par an aux concours spéciaux interne et externe de professeur des écoles durant la période 2015/2021
- Réintroduire la généralisation de l’offre bilingue en maternelle
- Maintenir la possibilité de sections bilingues en maternelle
- Introduire dans la convention opérationnelle 2015/2021 un calendrier pluriannuel de créations de sites
- Modifier le texte afin de respecter la parité horaire et la réglementation nationale en collège
- Prévoir la mise en place de sites paritaires bilingues en lycée conformément à la réglementation nationale
- Intégrer la Moselle germanophone dans le dispositif par un avenant spécifique
LES PREMIERES CONSEQUENCES
Un exemple : A l’école primaire Gustave Stoskopf (Quartier des Poteries-Hautepierre), il manque depuis fin janvier 2016 pour la voie bilingue paritaire en CM1/CM2 un enseignant d’allemand. Ce dernier était un germanophone natif qui disposait de son examen d’aptitude à l’enseignement, mais n’avait pas encore trouvé de poste en Allemagne. Il est devenu vacataire dans l’académie de Strasbourg. Au bout de quelques mois, il a quitté son poste à l’école Stoskopf pour travailler dans une école en Allemagne,poste bien mieux rémunéré. Qui peut lui en vouloir ? Ce qui est en cause, c’est la politique de recrutement de l’éducation nationale, le paiement et l’avancement de ses vacataires. Le manque de professeurs pour enseigner l’allemand et dans cette langue dure pour la voie bilingue depuis 24 ans. Pour l’école Stoskopf, la rectrice Sophie Béjean a annoncé à Eric Elkoubi (adjoint au maire de Strasbourg) qu’un enseignant titulaire remplaçant a pris son service le 18 avril, jour de la rentrée.
C’est dans le Haut-Rhin que se manifestent - à notre connaissance - des dysfonctionnements dus à la convention 2015-2018. A Riedisheim, le Conseil municipal, après les parents, s’est opposé à la politique des pôles d’enseignement bilingue qui aurait vu la fermeture d’une filière bilingue dans la Commune.
A Chalampé, c’est plus compliqué. Sur fond de d’opposition au projet de fusion de deux communautés de communes à laquelle la maire, Martine Laemlin - un soutien du bilinguisme - et ses adjoints sont plutôt favorables, une manifestation d’une trentaine de parents s’est déroulée fin mars devant l’école, afin de protester comme la fermeture d’une classe monolingue.
Pourquoi ?
Jusqu’à présent, les parents avaient le choix entre l’enseignement monolingue
en français et l’enseignement bilingue (français-allemand/langue régionale.
Depuis la décision du CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale de créer un pôle bilingue dans le village des bords du Rhin (aussi par ex. À Koetzingue), la voie monolingue va fermer. Les enfants qui la fréquentent devront s’inscrire dans les communes voisines. Réaction de parents.
Ce n’est pas cette réaction, somme toute normale, qui pose problème, mais les arguments avancés. « Non germanisable » lit-on sur une pancarte, ou « non à la germanisation », on entend : « Moi, par exemple, je ne parle pas allemand »,
Les commentaires du Comité Fédéral
Les slogans mis en avant sur les banderoles pour refuser la nouvelle répartition des enfants dans des villages proches de Chalampé sont indignes. Mais le fond du problème est la répartition des élèves. C’est le résultat de la nouvelle convention, désastreuse pour le développement des sites bilingues. Il y est question de créer des pôles linguistiques, c’est-à-dire de regrouper dans un lieu séparé les élèves bilingues
(prévu en milieu rural comme en milieu urbain) avec comme corollaire le regroupement des monolingues.
Cette organisation est contraire au principe de proximité ce que ressentent bien les parents de Chalampé qui souhaitent le cursus monolingue. Il semble y avoir une confusion, voulue ou non par l’éducation nationale entre pôle linguistique et RPI. Un RPI regroupe dans un milieu rural tous les élèves et offre un transport scolaire pour tous. L’offre de proximité des deux cursus est préférable à des écoles spécialisées. Par ex. le RPI de Lupstein et les écoles de Guebwiller le démontrent à l’envi. On verra de plus en plus apparaître des situations difficiles. mm