Brèves – Gemischtes

Quelques nouvelles brèves démontrant l’importance de la langue régionale dans la vie économique, la méconnaissance de l’histoire d’une Alsace ouverte sur l’Europe et la lenteur de l’administration scolaire.

Quelques nouvelles brèves démontrant l’importance de la langue régionale dans la vie économique, la méconnaissance de l’histoire d’une Alsace ouverte sur l’Europe et la lenteur de l’administration scolaire.

Certains hypermarchés ont bien compris en Alsace -ici dans l’agglomération mulhousienne l’importance de l’allemand standard notamment pour attirer la clientèle badoise et suisse.

Bilinguisme hypermarchés Alsace

Quand la méconnaissance de l’histoire s’en mêle

« En 1648, le traité de Westphalie rendit l’Alsace à la France » (L’Alsace 16.7.2017). Erreur historique. Jusqu’au XVIIe siècle, entre 1648 et 1497, période des annexions successives du Roi Soleil, l’Alsace faisait partie du Saint Empire romain germanique et non du royaume de France dont la frontière se trouvait jusqu’au milieu du XVIe siècle sur la Meuse.

Récemment, grâce au travail sans relâche de la Municipalité de Strasbourg, le quartier construit entre 1871 et 1914 du temps de la Terre d’Empire (Reichsland), appelé la Neustadt, a été inscrit au patrimoine de l’Humanité par l’Unesco en raison de sa valeur architecturale et historique. Au même moment, on peut lire sur le panneau explicatif n° 8 d’une commune de la région de Marmoutier, le texte suivant :

« Mairie-Ecole. Ce bâtiment a été construit en 1901 sus l’administration allemande. Afin d’intégrer rapidement la population alsacienne, qui se sentait plus proche de la culture française, le gouvernement allemand se lança dans une vaste campagne de construction. De nombreux bâtiments à usage public (mairie, école, bibliothèque, théâtre gare) caractérisés par un style austère et rigoureux furent construits pour germaniser l’Alsace. L’allemand devint langue obligatoire dans les écoles et toute marque d’hostilité à cette nouvelle identité fut sévèrement réprimée. »

Il conviendrait d’éviter aujourd’hui, cette révision de l’histoire qui était courante entre 1919 et 1939 et dans les années 50 et 60 du siècle dernier. On ne rend service à personne. Par ailleurs le texte fourmille d’erreurs factuelles. En 1901, la France était un souvenir assombri par l’Affaire Dreyfus et l’anticléricalisme. S’il existait des écoles où l’on enseignait en français et fréquentées par les enfants de la bourgeoisie et par ceux des officiers ou administrateurs allemands, l’enseignement de l’allemand avait vraiment débuté au XVe siècle dans les « Teutsche Schulen », et n’avait pas commencé en 1871. Les chants populaires des carnets de nos ancêtres comportaient des chants en allemand standard, un petit pourcentage en dialecte. La langue historique de l’Alsace s’est installée à partir du Ve siècle.

Partout dans l’Empire allemand et pas seulement en Alsace, il y eut à ce moment une période intensive de construction de bâtiments publics ou privés. Ainsi la gare de Colmar a été construite sur le modèle de la gare disparue de Dantzig. Quant à l’austérité, l’Art Nouveau ou Jugendstil fait la preuve du contraire.

En ce qui concerne les marques d’hostilité, il faut relativiser, Hansi ou Zislin sont les arbres qui cachent la forêt. Lors de l’Affaire de Saverne de la fin 1913, Saverne est un avant-poste de la guerre. C’est autour de 1900 que l’Alsace connut un âge d’or de la culture et de la littérature germanophones. Des intellectuels et écrivains souhaitaient la « double culture », non une emprise du nationalisme français, afin que l’Alsace serve de médiatrice culturelle entre la France et l’Allemagne.

Ouvertures de classes bilingues « paritaires »

Dans toute l’académie de Strasbourg, il n’y aura à la rentrée qu’une seule ouverture de site bilingue, à Fouchy (Val de Villé), avec une classe de petite et de moyenne sections de maternelle. Par une montée mécanique des CM2, il y aura des 6e « bilingues » dans les collèges suivants : Collège des Châteaux, Chatenois, Collège du Rhin à Drusenheim, Collège Holderith à Lauterbourg, Collège Péguy à Wittelsheim (à confirmer par manque d’enseignants en juin). C’est peu. L’impression domine que cet enseignement ne s’étend plus. Par manque d’enseignants ? Ce manque d’enseignants aptes à enseigner en allemand est mis en avant depuis 1976 (« Méthode Holderith »). L’administration scolaire tarde à se donner les moyens pour généraliser la voie bilingue paritaire, pourtant la seule efficace et performante. L’Alsace en a besoin sur le plan linguistique, culturel, économique et social.

En Moselle, le rectorat de Nancy ne reconnaît pas l’arrêté ministériel publié au BOEN du 17.1. 2008. Et on peut craindre qu’après le départ de Céleste Lett, ancien député, qui défendait l’enseignement bilingue français allemand (langue régionale), notamment paritaire que l’administration scolaire ne cherche à réduire fortement toute cette branche de l’enseignement et à stopper le recrutement des enseignants.

fs