Ils nous ont quitté
Trois personnes importantes pour notre mémoire et notre culture sont parties sur l’autre rive : Victor Beyer, Jean-Paul Gunsett et Suzanne Citron.
Victor Beyer nous a quitté à 97 ans en juillet 2017. Il a été successivement conservateur du Musée Notre Dame (Liebfrauenwerk) de Strasbourg, conservateur des musées de Strasbourg, conservateur du département des sculptures au musée du Louvre et enfin inspecteur général des musées classés et contrôlés en 1978. En plus, membre du Cercle René Schickele Kreis devenu Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle. Dans l’Encyclopédie d’Alsace, il a écrit sous la rubrique Hansi (volume 6) : « Il multiplie ses rapports avec Paris, collabore aux Marches de l’Est de Georges Ducrocq, avec Barrès, Paul Acker, ainsi qu’à La Libre Parole », dirigée par Edouard Drumont, antisémite et anti-dreyfusard violent.
Jean-Paul Gunsett est parti le 21 décembre 2017. Une grande figure de la culture alsacienne n’est plus. Né en 1925 à Masevaux, il est entré à Radio-Strasbourg en 1947 et plus tard à la télévision régionale qu’il a quittée en 1983. Sa voix veloutée était connue de tous. Il était un excellent speaker et maîtrisait le français et les deux parties de la langue historique de l’Alsace (un dialecte et l’allemand standard) Il a travaillé avec Martin Allheilig et André Weckmann. Quelques pièces radiophoniques : Gleck unn Heimet, Guet von hie, In Fraid un Leid, Mir han’s iwwerstande, Vor 9o Johr… Albert Schweitzer ‘s Sesseneheimer Idyll… Sans oublier les films documentaires. In enseigna l’histoire des médias au Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) En 2005, il publia Dü miner Boim (Toi mon arbre), recueil poétique dans les trois expressions linguistiques de l’Alsace avec une version française des écrits quand ils sont en dialecte ou en allemand standard. Il était membre du jury du Prix dun patrimoine Nathan Katz.
Suzanne Citron (1922- janvier 2018), née à Ars sur Moselle, a connu les rafles antijuives, le camp de Drancy qui sera libéré avant sa déportation. Historienne, elle a soutenu sa thèse de doctorat en 1974. Elle a enseigné à l’Université Paris XIII-Villetaneuse. En 1987, elle publie le livre auquel son nom est attaché, Le mythe national, qui déconstruit l’histoire telle qu’elle était alors enseignée. Une France intemporelle, voulue et protégée par la Providence et qui n’a jamais tort, où il n’est jamais question des peuples qui la composent. Suzanne Citron ne veut pas du « roman national ». L’ouvrage connaît de multiples éditions et reconnaît aussi qu’il y a eu des progrès de l’enseignement de l’histoire. Certaines périodes ne sont plus balayées sous le tapis. Mais elle continuait de dénoncer qu’il restait en fond la matrice du Petit Lavisse, le manuel d’histoire de la IIIe République. A lire aussi : Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée.