En guise d’édito - Leitartikel
La Cathédrale Notre -Dame de Paris sur l’île de la Cité avant l’incendie du 15 avril.
En guise d’édito - Leitartikel
L’embrasement de la charpente de la cathédrale Notre Dame de Paris, la fragilisation de certains murs et voûtes sont des désastres qui ont fouetté les émotions. Des dons grands ou petits pour la reconstruction nécessaire ont afflué. Les conséquences du funeste soir du 15 avril doivent être effacées chez cette cathédrale du premier âge gothique avec du gothique flamboyant. Elle a vu tant d’événements historiques. Mais d’autres chefs d’oeuvre sont en péril. Je vais citer Michel Feltin-Palas, journaliste à L’Express, qui, dans sa lettre d’information du 23 avril, défend avec énergie les langues régionales de France, des chefs d’œuvre, eux aussi, en péril. Comment peut-on, s’offusqueront certains, comparer un « chef d’œuvre de l’art occidental » à de « vulgaires patois » ?
L’embrasement de la charpente de la cathédrale Notre Dame de Paris, la fragilisation de murs et de voûtes sont des désastres sans nom qui ont fouetté les émotions. Des dons grands ou petits pour la reconstruction nécessaire ont afflué. Les conséquences du funeste soir du 15 avril doivent être effacées, nous le devons à cette cathédrale du premier âge gothique avec du gothique flamboyant. Elle a vu tant d’événements historiques. Mais d’autres chefs d’oeuvre sont en péril. Je vais citer Michel Feltin-Palas, journaliste à L’Express, qui, dans sa lettre d’information du 23 avril, défend avec énergie les langues régionales de France.
(…) « Laissons-nous un autre feu un autre feu ravager dans une indifférence générale les langues du beau pays de France ? Un incendie qui flambe depuis des siècles et qui aura bientôt terminé son œuvre (…)
Mais comment peut-on, s’offusqueront certains, comparer un « chef d’oeuvre de l’art occidental » à de « vulgaires patois » ? « Ils se trompent lourdement (…) Le breton est une langue celtique qui qui rappelle celle des Gaulois (ndlr. « Nos ancêtres », affirment certains). Les langues d’oc ont produit depuis le Moyen Âge une œuvre littéraire exceptionnelle. « Le basque est une langue non indo-européenne, ce qui le distingue de tous les autres parlers du continent ou presque. » (…) Ajoutons que la langue historique de l’Alsace a produit des joyaux de la littérature du monde germanophone. « (…) D’autres me rétorqueront que le déclin du flamand, du corse (…) est le fruit de la ‘ modernité ‘. A tort (…). En réalité, le sort d’une langue minoritaire dépend pour l’essentiel des politiques publiques dont elles bénéficient -ou pas (…) Il y a beau temps que l’on entendrait plus parler français au Québec si le Canada avait décidé de faire subir à notre langue le sort réservé chez nous (…) » aux langues régionales de France.
« Le plus grave est que l’origine du sinistre, en l’espèce, n’a rien d’accidentel. Mieux (…) on connaît les coupables, en l’occurrence la kyrielle de chefs d’Etat qui ont dirigé le pays, depuis les monarques de l’Ancien Régime jusqu’aux présidents de la République en passant par nos deux empereurs. Tous ou presque ont cherché à mettre à bas ces modes de pensée et d’expressions alternatifs, jugés dangereux pour l’unité nationale. Georges Pompidou ne déclarait-il pas en 1972 : ‘ Il n’y a de place pour les langues et cultures régionales dans une France destinée à marquer l’Europe de son sceau’ ?
On me dira aussi que les discours ont changé. Et c’est vrai. Pas un président qui ne vante leur ‘beauté’ et leur ‘ richesse ‘. Mais aucun qui ne soit décidé à prendre les seules mesures qui pourraient renverser la situation (…). Au contraire Jean-Michel Blanquer les maltraite dans sa réforme du lycée. Franck Riester (ndlr ministre de la Culture) leur accorde des moyens étiques (…) Certains magistrats s’acharnent contre des parents ‘coupables’ de vouloir donner à leur enfant un prénom respectant l’orthographe traditionnelle bretonne (…) après des siècles pendant lesquels il a ouvertement cherché à les anéantir, l’Etat les laisse désormais mourir, en veillant simplement à ne pas le montrer trop ouvertement (…) ‘La France est un pays curieux qui se passionne pour ses châteaux et ses églises, mais se désintéresse de son patrimoine immatériel’ s’étonne Bernard Cerquiglini. Ce grand linguiste a raison. Toutes nos langues à la vérité, expriment l’âme d’une Nation, qui n’en déplaise à certains, ne se réduit pas à Paris(...) Toutes représentent à leur manière, des cathédrales de l’esprit humain. »
fs