ECOMUSEE D’UNGERSHEIM

UN ELEMENT ESSENTIEL - L’EXPOSITION PERMANENTE SUR LA LANGUE REGIONALE

Après l’accueil et la billetterie, l’Ecomusée s’ouvre devant vous. Et vous tombez rapidement sur le premier élément du « pôle linguistique » de l’Ecomusée sur le passé, le présent et l’avenir de la langue historique de l’Alsace et de ses deux parties : les variétés dialectales ou allemand dialectal et l’allemand standard ou Hochdeutsch.

Une expo sur la langue, pourquoi ?

Une quille en forme dAlsacienne

Une quille en forme d’Alsacienne sujette aux soubresauts des nationalismes. Dans une maison à l’arrière-plan, on parle yiddish.

Elle répond à plusieurs objectifs.

Tout d’abord, il y a la méconnaissance de langue régionale qu’on réduit pour une partie, les variétés dialectales, trop souvent à un folklore de mauvais aloi, à des Witz ou ces vaudevilles, pour l’autre elle est désignée comme étant « langue du voisin ». Les dialectes germaniques vivent en Alsace depuis au moins quinze siècles et ne se sont pas installés en Alsace, en Moselle germanophone en 1870, voire en 1940. Ils sont surtout écrits pour la poésie, la chanson, le théâtre, les comptines, les proverbes, toutes et tous étant faites pour être exprimés oralement. Il y a deux exceptions d’envergure, dont l’une est Marie Hart. Nos dialectes ont été vilipendés, poursuivis à l’école, considérés comme anachroniques, inutiles et contraires à l’ascension sociale. N’en jetez plus !

Par ailleurs, il existait depuis le IXe siècle, des langues normalisées, comme celle du moine Otfried de Wissembourg, celle des chevaliers et des Minnesänger (troubadours), celle des villes, enfin celle des imprimeurs puis celle de Luther qui l’emportèrent. Cette forme standard n’a rien à voir avec la langue brutale et aboyée des nazis qu’ils ont imposé à une grande partie de l’aire germanophone. Les écrivains célèbres d’Alsace, de Moselle sont au-dessus du fascisme brun.

marginaliser la langue rgionale

marginaliser la langue régionale. Résistance féminine

Il s’agissait ensuite de montrer l’histoire de notre langue historique, ses aléas à partir de l’annexion par le Roy de France à partir de 1648 et surtout de l’idéologie jacobine qui s’installa à partir de 1792, alors que la Révolution s’est faite majoritairement en allemand chez nous. On suit l’épanouissement de la culture populaire, le renouveau culturel autour de 1900, la volonté de l’administration scolaire et des ministres de faire reculer l’usage de l’allemand, du Hochdeutsch donc, à l’école afin qu’il soit supplanté par le français. Cela commença au XIXe siècle et se poursuivit.

Il s’agit aussi de redonner une fierté sans ostentation aux Alsaciens, aux Mosellans de l’Est et à faire connaître à tous les visiteurs la richesse de notre langue historique. L’exposition s’ouvre aussi tout naturellement vers l’avenir et sur le fait que notre langue est celle de 100 millions d’Européens.

Elle a été financée par une belle subvention du Conseil Général de Haute-Alsace et a été conçu et réalisée au sein du Comité Fédéral des associations pour la langue régionale en Alsace et en Moselle. Son inauguration a eu lieu en juin 2011.

Elle comporte quatre parties :

- La jauge (Eichhiesel en dialecte, Eichamt en allemand standard) de Riquewihr (Reichenweier). Elle est indiquée par un panneau. Un certain nombre de panneaux renseignent les visiteurs sur la langue régionale d’Alsace, sur le yiddish, les variétés romanes d’Alsace.

Les Serments de Strasbourg

 

 

 

Les Serments de Strasbourg 842

En ancien français : « Pro deo amur… »

En ancien allemand : „In Godes minna…“ Minna= amour d’où plus tard les Minnesänger.

 

 

 

 

 

- Le Moulin de Soultz en forme la partie centrale, le circuit commence sur la gauche à l’entrée, une vidéo présente l’origine des langues, notamment dans la vallée du Rhin. Au plafond court une frise linguistique bien instructive. Puis on peut s’asseoir sur le trône de Charlemagne/Karl der Groβe. Pourquoi ? Il a ordonné que l’Evangile soit enseigné aux populations de son empire dans les langues populaires et non en latin. Ce fit le moine Otfried avec son Krist, l’Evangile. A côté est installée une imprimerie qui symbolise la vitalité des imprimeurs strasbourgeois et de la vallée du Rhin. En 1466 est imprimée à Strasbourg la première Bible en allemand. Puis le visiteur découvre à droite des tableaux montrant la volonté des représentants du roi de marginaliser la langue régionale, à laquelle tenait la population, et à gauche sur une guillotine avec des langues coupées, symboles de la répression linguistique des jacobins.

La guillotine des langues de France

 La guillotine des langues de France

 

Enfin avant de quitter la pièce, on voit les Alsacien(ne)s sous forme de quilles être sous la menace d’une boule dénommée « nationalismes ». Par la suite, une salle à gauche, montre, sous forme de bibliothèque, l’importance de la littérature en langue régionale, puis dans une salle interactive les sonorités des variantes dialectales, accompagnées de témoignages et de reproductions d’offres d’emplois.

C’est dans cette salle que se tiennent les rencontres des dimanches de la langue/ Sprochsunntig de mai à septembre, soit sous forme de Stammtisch sur différents thèmes, soit sous forme de découverte de plantes et de lieux présentés en langue régionale.

Plus loin, le visiteur se projette dans l’avenir, classes bilingues généralisées, presse bilingue abondante, et autres médias.

- L’école

On ressort pour aller vers l’école. Sous le préau se trouve une grande bande dessinée évoquant l’école. Dans la salle de classe, une belle vidéo vous attend ; elle présente les évolutions de l’école et de l’enseignement de la langue régionale et puis de la langue française. La classe de classe est celle des années 50 du siècle dernier.

Les quilles alsaciennes

Les quilles « alsaciennes » soumises à la menace de la boule des nationalismes

 

- Non loin de là, se dresse la Maison forte de Mulhouse. Pour l’exposition cet édifice vaut la visite. Le premier étage est consacré aux Minnesänger alsaciens (troubadours) avec, en particulier, une sonorisation de chants d’amour par le regretté Jean Dentinger enchante nos oreilles. Au 2e étage, aux fenêtres qui s’ouvrent sur les quatre points cardinaux, des panneaux expliquent la toponymie environnante, de la montagne aux rieds en passant par les collines sous-vosgiennes et la plaine. Enfin deux grandes roues, qu’on peut mettre en mouvement, expliquent l’origine des noms de familles, des patronymes : noms issus de l’artisanat, des métiers, de la paysannerie, des saints, des surnoms, de l’aspect physique des ancêtres, du lieu où ils vivaient….

C’est là-haut, où souffle souvent une brise rafraichissante, que se termine la visite de l’exposition linguistique mais non celle de l’Ecomusée. Et puis la taverne vous attend, vous l’avez bien mérité.

fs