En Moselle germanophone
Bienvenue en Absurdistan
L’association Elsam-Gredl (Association des Elus pour la langue régionale en Alsace avait déposé un recours devant le Tribunal Administratif de Nancy. Elle a été déboutée. Elle va aller en appel. Pourquoi tout cela ?
Dans l’académie de Nancy-Metz, le concours spécial de recrutement des professeurs des écoles aptes à enseigner la et en langue régionale ne propose depuis l’origine que des épreuves écrites et orales dans l’une ou l’autre variété dialectale du francique. Le bas alémanique présent en Moselle en est exclu. Les épreuves de langue régionale, telles qu’organisées par cette académie excluent totalement l’allemand pourtant reconnu comme forme standard de la langue régionale par les textes officiels, tout comme pour l’Alsace. Il en résulte un nombre extrêmement faible de candidats présents, en corrélation avec un contingent dérisoire de 1 ou 2 postes offerts annuellement à ce concours spécial.
L’académie de Nancy-Metz s’affranchit totalement d’appliquer les textes sur la langue régionale : ici pas classes bilingues à parité horaire, ni d’enseignement généralisé de l’allemand à l’école primaire. Au contraire le respect de la réglementation avec des épreuves de langue régionale en allemand lors du concours externe spécial provoquerait une augmentation des candidatures.
Le francique dialectal n’est pas enseigné à l’école primaire sauf, semble-t-il, à doses ultra-minimalistes en périphérie de Thionville. Donc les très rares maîtres recrutés par la voie du concours spécial enseignent parfois l’allemand standard, ici et là, mais pas le francique dialectal. Comprenne qui pourra… On vit en Absurdistan.
Les différentes académies concernées organisent annuellement le concours spécial de professeurs des écoles destiné au recrutement de maîtres compétents pour enseigner la et en langue régionale.
Dans certaines académies (Bordeaux, Montpellier) plusieurs langues régionales reconnues sont présentes. Ces langues bénéficient de programmes réglementaires publiées au Bulletin officiel de l’Education nationale qui s’imposent aux recteurs. Chaque programme renvoie à une ou des formes normalisées d’enseignement de la langue régionale concernée. Les langues régionales (comme toute langue dont le français) disposent de multiples variantes dialectales ou vernaculaires non normées. Pour chaque langue régionale il y a ainsi une (ou des formes standards et normées d’enseignement soit récente ou actualisée (breton, occitan, catalan, basque, corse, créoles) soit préexistante (allemand d’Alsace et de Moselle).
Ainsi en Moselle germanophone le francique rhénan, côtoie la pratique orale des autres dialectes germaniques : francique luxembourgeois, francique mosellan, bas alémanique. Mais dans ces territoires, comme en Alsace, au cours de l’histoire et notamment dans les périodes non françaises, la langue littéraire et d’enseignement a toujours été l’allemand.
En effet en Alsace, comme en Moselle germanophone, l’allemand standard est resté jusqu’à 1859 la langue d’enseignement, puis l’est redevenu de 1873 à 1919. L’allemand est ensuite resté enseigné à titre obligatoire à l’école élémentaire de 1919 à 1939, période où il figurait au certificat d’études primaires. Son enseignement, totalement interdit en 1945, a été rétabli à doses très homéopathiques sur la base du volontariat maîtres/élèves à partir de 1953, puis réactivé à partir de 1975 (Méthode Holderith). Il est redevenu langue d’enseignement en 1992 dans le cadre de l’enseignement bilingue paritaire français/ langues régionales.
La définition réglementaire de la langue régionale, publiée au Bulletin officiel de l’Education nationale en 2008 prévoit ainsi l’allemand, forme standard historique de la langue régionale, comme langue d’enseignement.
Les professeurs des écoles destinés à assurer l’enseignement français/ langue régionale d’Alsace et de Moselle en école primaire enseigneront ainsi l’allemand et/ou des disciplines en allemand. A cet effet ils doivent le maîtriser. Ce qui n’interdit en rien d’organiser des séquences dialectales
Ainsi le concours spécial de recrutement de professeurs des écoles doit de toute évidence offrir des épreuves de langue régionale dans cette forme standard. C’est ainsi que fonctionne depuis sa création le concours spécial en Alsace. Chaque année 50 postes (voire plus) sont proposés. Toutefois les épreuves écrites et orales offrent aux candidats, la possibilité avec leur consentement, de répondre pour partie en forme dialectale.
Mais dans l’académie de Nancy-Metz, le concours spécial ne propose depuis l’origine que des épreuves écrites et orales dans l’une ou l’autre variété dialectale du francique. Le bas alémanique présent en Moselle aussi en est exclu. Mais les épreuves de langue régionale, telles qu’organisées par cette académie excluent totalement l’allemand pourtant reconnu comme forme standard de la langue régionale par les textes officiels, tout comme pour l’Alsace Il en résulte un nombre extrêmement faible de candidats présents, en corrélation avec un contingent dérisoire de 1 ou 2 postes offerts annuellement à ce concours spécial.
Faut-il ici rappeler que l’académie de Nancy-Metz s’affranchit totalement d’appliquer les textes sur la langue régionale : ici pas classes bilingues à parité horaire ni d’enseignement généralisé de l’allemand à l’école primaire.
Au contraire le respect de la réglementation avec des épreuves de langue régionale en allemand lors du concours externe spécial provoquerait une augmentation des candidatures.
Il existe en outre (pour la Moselle) la possibilité d’offrir aux candidats un choix d’épreuves écrite et orale soit en allemand standard, soit en luxembourgeois standard, l’autre langue officielle et normalisée citée dans la définition. Ce qui n’empêcherait pas, comme en Alsace aux candidats volontaires de passer une partie des deux épreuves en langue régionale dans l’un des dialectes concernés.
Cela rendrait possible le développement de l’enseignement bilingue à parité horaire en Moselle germanophone où il est notoirement en très grand retard : un seul site public localisé à Sarreguemines.
Notre association a présenté une requête au recteur, puis un courrier de rappel, pour le respect de la définition officielle par l’académie en Moselle à l’occasion des concours de recrutement, suivis d’un refus circonstancié du recteur. Cette réponse est assez peu compréhensible. L’Académie persiste dans son déni de l’allemand, langue régionale standard. Bizarrement le tribunal administratif semble lui donner raison reconnaissant implicitement aux dialectes germaniques non normés la qualité de langue régionale d’enseignement. Mais le francique dialectal n’est pas enseigné à l’école primaire sauf, semble-t-il, à doses ultra-minimalistes en périphérie de Thionville. Donc les très rares maîtres recrutés par la voie du concours spécial enseignent parfois l’allemand standard, ici et là, mais pas le francique dialectal. Comprenne qui pourra…
L’affaire sera transmise en appel
L'académie ne pourra persister dans une voie qui nous semble juridiquement, pédagogiquement et moralement indéfendable et totalement contraire aux besoins de l’emploi et de l’économie. Notre association s’adressera donc aussi au ministre de l’éducation nationale, autorité hiérarchique.
pk